Le 6 ème rapport du GIEC paru ce lundi 28 février, rédigé par 270 scientifiques sur la base de l'analyse de 34 000 études, est bien plus alarmant que le précédent de 2014. Ce rapport, qui se focalise principalement sur les thématiques liées à l’impact, l’adaptation et la vulnérabilité, met également en lumière les effets du changement climatique sur la création de pénuries d'eau majeures. Pourtant l’eau est une ressource rare, bien qu’elle coule à flot dans nos canalisations. Notre mission semble dès lors encore plus pertinente face aux défis exposés dans ce rapport inquiétant. C’est pourquoi nous avons décortiqué son contenu et nous sommes concentrés sur le risque grandissant de pénuries d’eau en Europe.
Si ce rapport s'avère être un avertissement majeur pour les gouvernements, sa portée risque d'être limitée car les yeux sont rivés sur la guerre qui fait rage en Ukraine. L'ironie est d’autant plus grande que cette évaluation est la première série de rapports incluant des scientifiques ukrainiens comme auteurs principaux. En effet, même si les chercheurs ukrainiens ont dû mettre leurs travaux en suspens et n'ont pas pu participer à la session d'approbation du GIEC, ils ont estimé que la meilleure chose que le GIEC pouvait faire était de publier le rapport.
Les pénuries d’eau, l’un des défis majeurs de ce siècle
En août dernier, le premier volet du rapport a mis en évidence l'ampleur de l’influence de l'homme sur le système climatique. Ce nouveau rapport reconnaît l'interdépendance du climat, des écosystèmes et de la biodiversité avec les sociétés humaines et intègre une plus forte interdisciplinarité des sciences naturelles, écologiques, sociales et économiques par rapport aux rapports précédents. Ce rapport se centre davantage sur la sensibilité climatique ou comment le climat répond aux émissions. L'évaluation des impacts et des risques liés au changement climatique, ainsi que de l'adaptation à ces changements, s'inscrit dans le cadre de tendances mondiales non climatiques qui se développent simultanément, telles que la dégradation de la biodiversité, la consommation globale des ressources naturelles, la dégradation des écosystèmes, l'urbanisation, les changements démographiques, les inégalités sociales et économiques et la pandémie.
D'inquiétantes conclusions générales sont tirées de ce rapport : les capacités des océans et des terres à agir comme des puits de carbone semble s'affaiblir, ce qui signifierait que le même niveau d'émissions de gaz à effet de serre entraînerait des augmentations de température plus importantes que celles observées jusqu'à présent. L’un des résultats les plus importants de ce rapport est la prévision que le réchauffement climatique devrait encore intensifier les problèmes du cycle globale de l’eau, sa variabilité, les précipitations ainsi que les épisodes humides et secs. Ce qui implique un danger pour les régions où l’agriculture repose sur des schémas de pluies prévisibles. Le rapport prévient également que les fortes pluies pourraient devenir plus intenses et plus fréquentes, les sécheresses augmenteront dans certaines régions, les incendies deviendront plus courants et que les océans vont se réchauffer et deviendront plus acides.
Ces conclusions constituent un "atlas de la souffrance humaine et une accusation accablante de l'échec du leadership climatique", selon le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres. "J'ai vu passer de nombreux rapports scientifiques, mais rien de similaire".
Les principaux risques liés au changement climatique identifiés pour l'Europe sont les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations et la pénurie d'eau.
Les pénuries d’eau sont influencées par le changement climatique car ce dernier contribue à des sécheresses plus fréquentes et plus intenses, ainsi que des inondations et des précipitations extrêmes, l'accélération de la fonte des glaciers, à une diminution plus rapide des nappes phréatiques et à la détérioration de la qualité de l’eau. Tous ces risques liés à l’eau du changement climatique auront des conséquences négatives sur l’agriculture, la production d’énergie, les infrastructures hydrauliques mais aussi sur la productivité économique ou la santé humaine et plus généralement le bien être humain.
L’eau est centrale pour notre adaptation au changement climatique. Sans eau, nos sociétés, économies et gouvernements ne pourront prospérer. En effet, la plupart des stratégies mises en place pour lutter contre le changement climatique dépendent de l’eau.
La décennie de l’action : recommandations
Le GIEC propose également une série d'actions pour réagir contre le changement climatique. En se concentrant sur les principaux risques identifiés pour le continent européen, le GIEC propose les points d’actions suivants :
- Concernant les vagues de chaleur qui auront un impact sur la mortalité et la morbidité, le rapport conseille : "des changements de comportement, combinés avec des interventions sur les bâtiments, le refroidissement des espaces et la planification urbaine pour gérer les risques de chaleur, la restauration, l'expansion et la connexion des zones protégées pour les écosystèmes."
- En ce qui concerne les pertes de rendements agricoles due à la chaleur et à la sécheresse, le rapport préconise d'améliorer "l'irrigation, la couverture des sols, les pratiques agricoles, les espèces végétales et animales et les plantations itinérantes."
- Le GIEC suggère d'améliorer les systèmes d'alerte précoce, de réserver de l'espace pour l'adaptation basée sur l'eau et les écosystèmes, la sédimentation ou l'ingénierie, le changement d'utilisation des terres et le retrait géré pour réagir face aux inondations et l’élévation du niveau de l’eau de la mer.
- Pour lutter contre les pénuries d'eau et leurs conséquences pour les différents secteurs économiques, le GIEC propose de travailler sur des systèmes d'alerte, le stockage de l'eau, ainsi que sa réutilisation.
Ce n’est que de la science !
Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) est la principale autorité en matière de réchauffement climatique. Ce groupe a été créé en 1988 dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et de l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) afin d’influencer les décisions des politiques sur le changement climatique. A ce jour, 195 pays sont membres et contribuent aux travaux du GIEC.
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